Publié le 24 mars 2025
Portraits inspirants
Mouvement post-urbain et savoirs de la main !


Chacune et chacun l’aura remarqué, depuis quelques décennies, les grandes villes structurent les territoires et nos modes de vie. Elles concentrent richesses et emplois, services et équipements. Toutefois, les grands problèmes écologiques de notre temps adressent quelques questions à cette croissance des concentrations, et plus largement à ce tout urbain de nos sociétés. Entre artificialisation et consommation, entre rythmes de vie et mobilités, l’urbanisation n’est pas toujours de bon conseil pour l’environnement.
Bien moins artificialisées et plus vivables, les ruralités se voient alors, sous certaines conditions de réalisation, parées de quelques vertus pour l’accès aux ressources et aux espaces de nature. Raison pour laquelle, entre la dégradation des milieux écologiques et le dérèglement climatique, toutes les enquêtes indiquent que plus de 50 % des Français aspirent à y habiter (80 % si l’on inclut petites villes et villes moyennes). Tout comme d’ailleurs les grandes densités humaines sont maintenant assez largement rejetées, en France comme à l’étranger.
Cependant, notre société manque indéniablement de clairvoyance et de volonté pour entériner ceci et rééquilibrer notre géographie. Comment engager cela plutôt que d’attendre les ruptures d’approvisionnement urbain ou les fournaises métropolitaines annoncées ? Des canicules de plus de 45 °C sont programmées dans les grandes villes dans tout au plus trente à quarante ans. Anticiper, aider à cette préparation, depuis et pour les ruralités, est l’objectif du mouvement post-urbain.
Créé il y a maintenant quatre ans, ce mouvement réunit à ce jour vingt organisations. On y compte notamment la Confédération nationale des foyers ruraux, le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne, le Réseau d’expérimentation et de liaison des initiatives en espace rural, la Coopérative des Oasis, la Fédération de l’habitat réversible, ou encore les Objecteurs de croissance, la Fondation d’écologie politique, les désert’heureuses et le Collectif des Associations Citoyennes.
L’objectif commun est de penser et de se projeter dans une géographie moins concentrée et moins centralisée autour des grandes villes, moins dépendantes des énergies et des matières qui ont déjà commencé à se raréfier, et bien plus relocalisée et autonome depuis et pour les ruralités. A cette fin, des réflexions et actions annuelles comme pluriannuelles y sont menées, en vue de fédérer toutes les bonnes volontés et pour ce faire de renouer avec quelques cultures et communs présents dans les campagnes.
Ici, notamment, la question des relations entre les gens du pays et les néo-ruraux, entre anciens installés et fraichement arrivés, la question des devenirs économiques du paysannat et artisanat, comme plus largement des activités rurales à développer, ou encore celle des formations nécessaires pour gagner en autonomie, toutes ces questions nourrissent échanges et réflexions, évènements et propositions. Toutes choses que l’Institut de Tramayes, par les savoirs prodigués de la main comme les connaissances transmises, vise également.
La crise écologique majeure que nous connaissons est une crise de sensibilité et d’attention depuis des mondes urbains totalement aseptisés. Il va falloir habiter autrement la Terre, la terre, si l’on souhaite faire soin au vivant et bâtir un avenir un peu plus joyeux. Former des jeunes dans cet esprit est devenu bien plus qu’essentiel, vital. Le Mouvement post-urbain et l’Institut de Tramayes, à leurs mesures, y œuvrent pleinement. Conjointement ?
Guillaume Faburel, enseignant-chercheur, coordinateur du mouvement post-urbain.